Dans cet
essai publié en 1974 et qui constitue une préface au roman de
Masoch, La Vénus à la fourrure,
Deleuze entend critiquer l'idée d'une pseudo-unité sado-masochiste
qui repose sur une incompréhension de l'originalité propre au
masochisme et au sadisme, lesquels, loin de se retourner l'un dans
l'autre de manière transformiste ou génétiste, sont proprement
incommunicants. A cette fin,
Deleuze dégage les mécanismes différentiels et les originalités
artistiques respectives du masochisme et du sadisme. L'enjeu est de
reconnaître avec justice le génie de Masoch (celui de Sade étant
moins méconnu) : l’œuvre de Masoch constitue un monde
autonome dont le rapport avec le monde sadien ne saurait être
compris en termes de complémentarité.
Dans la mesure où c'est le jugement clinique qui est au fondement du
préjugé selon lequel il existerait une unité sado-masochiste,
Deleuze se propose de partir d'un point situé hors de la clinique,
c'est-à-dire à partir du point littéraire d'où les perversions
furent originellement nommées.
Passages
Ce blog me permet de mettre à disposition de tous mes fiches de lecture, ou plutôt - dans la mesure où elles n'ont aucune dimension critique ou réflexive - de mes relevés des passages intéressants dans les livres que je lis. Plutôt que de laisser en sommeil ces fichiers dans mon ordinateur, je me suis dit que les publier sur la toile pourrait être un moindre mal.
dimanche 27 octobre 2013
DELEUZE, Présentation de Sacher-Masoch
Gilles DELEUZE, Présentation de Sacher-Masoch. Le froid et le cruel, Les éditions de Minuit, Paris, 1967
samedi 26 octobre 2013
PEREC, Espèces d'espaces. Journal d'un usager de l'espace
Georges PEREC, Espèces d'espaces. Journal d'un usager de l'espace, Galilée, Paris, 1974
Avant-propos
L'objet de ce livre n'est pas le vide, mais ce
qu'il y a autour, ou dedans. Au départ, il n'y a pas
grand chose: du rien, de l'impalpable, du pratiquement
immatériel. De l'étendue, de l'extérieur, ce qui est à
l'extérieur de nous, ce au milieu de quoi
nous nous déplaçons, le milieu ambiant,
l'espace alentour.
L'espace.
vendredi 25 octobre 2013
Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être, Première partie "La légèreté et la pesanteur"
Milan KUNDERA, L'insoutenable légèreté de l'être, Première partie, Gallimard, Paris, 1984
1.
Mythe
loufoque de l’éternel retour:
penser qu’un jour tout se répétera comme nous l’avons déjà
vécu et que même cette répétition se répétera encore
indéfiniment! Selon ce mythe, la vie qui disparaît une fois pour
toutes, qui
ne revient pas,
est semblable à une ombre, est sans
poids,
est morte
d’avance,
et fût-elle atroce, belle, splendide, cette atrocité, cette beauté,
cette splendeur ne signifient rien. Si un événement se répète un
nombre incalculable de fois dans l’éternel retour, il devient un
bloc qui se dresse et perdure. Si la Révolution française devait
éternellement se répéter, l’historiographie serait moins fière
de Robespierre. Mais comme elle parle d’une chose qui ne reviendra
pas, les années sanglantes ne sont plus que des
mots/théories/discussions, elles ne font pas peur. Il
y a une infinie différence entre un Robespierre qui n’est apparu
qu’une seule fois dans l’histoire et un Robespierre qui
reviendrait éternellement couper la tête aux Français. L’idée
de l’éternel retour désigne une perspective où les choses ne
nous semblent pas telles que nous les connaissons: elles nous
apparaissent sans la
circonstance atténuante de leur fugacité.
Cette circonstance atténuante nous empêche en effet de prononcer un
quelconque verdict:
on
ne peut condamner ce qui est éphémère.
Les nuages orangés du couchant éclairent toute chose du charme de
la nostalgie, même la guillotine. Profonde
perversion morale inhérente à un monde fondé essentiellement sur
l’inexistence du retour: dans ce monde-là tout est d’avance
pardonné et tout y est donc cyniquement permis.
dimanche 29 septembre 2013
OGIEN, Le corps et l'argent
Ruwen OGIEN, Le corps et l'argent, La Musardine, Paris, 2010
Introduction :
« Comme des marins en pleine mer »
Dans la plupart des sociétés démocratiques
modernes, on est libre de donner certaines parties/produits de son corps
(rein, sang, sperme, ovocytes, etc.) mais pas de les céder contre paiement.
On est libre de mettre ses capacités sexuelles/procréatives à la disposition
d’autrui gratuitement mais pas pour de l’argent. Il est interdit
de vendre ses organes aux enchères. Refus de toute dérive mercantile, de toute
forme de commercialisation du corps.
Mais 3 grands principes politiques et moraux
peuvent servir à remettre en cause ces normes :
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